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Les Cris, la suite

Les Cris, la suite

Le blog du journal du lycée Jean Vilar VLA


Lettre d'une lycéenne à une poétesse syrienne*

Publié par Les Cris, la suite sur 17 Mai 2017, 10:35am

Catégories : #Le Café des Artistes

Madame,

Je viens d'achever depuis peu la lecture de votre ouvrage « la Robe Froisée ». J'ai trouvé votre plume des plus percutantes. Vos vers sont directs, ils vont droit au but. Ils sont simples, clairs. Ils touchent et parlent au lecteur. Vous ne déguisez pas les évidences, vous ne cherchez pas à transformer la réalité. Vous parlez d'évènements simples de la vie comme de moments plus tragiques.

Vous les rendez plus beaux ou vous en atténuez les effets tels que la souffrance ou le deuil. Vos personnages aux différentes nationalités et appartenant à différentes époques rendent les poèmes plus vivants.

Vos origines et votre parcours vous rendent légitimes à évoquer certains sujets tels que la séparation, l'exil, ou encore la guerre.

Trois poèmes ont particulièrement retenu mon attention, « Quand parlent les armes », « Vos visages me suffisent » et « Sur les frontières ».« Quand parlent les armes » est le poème qui m'a le plus marqué par la justesse de ses vers. Les images suscitées par les mots ne sont pas dures mais savent exprimer la force et la portée de la guerre. Dans ce poème, les armes sont personnifiées. Elles prennent la parole et exposent leurs  fonctions et leur place dans l'histoire.

Depuis toujours les hommes se font la guerre. Soit par orgueil, ils souhaitent étendre leur territoire, conquérir de nouvelles terres. Soit par désespoir, les hommes voient en la guerre une issue, une solution à leurs malheurs. La haine développe l'imagination humaine. Elle fait germer dans leurs esprits de nouvelles stratégies, les ébauches d'armes plus perfectionnées et dévastatrices au fil des époques. Dans votre poème, la Guerre se revendique comme un serviteur fidèle de l'Homme. Sa présence est essentielle dans le déroulement de l'Histoire. De nombreux empires ou grandes puissances se sont construits en menant des guerres. La prise des armes a également, dans de rares cas, contribué à l'amélioration de certains systèmes politiques. La Révolution Française a permis l'élaboration de la République et de la Démocratie. En revanche l'épisode du « Printemps Arabe », au cours duquel les habitants des pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient aspirant à une vie sans la peur de la dictature et de meilleures conditions de vie se sont soulevés contre leurs dirigeants, s'est conclu dans certains pays par une guerre civile, en Syrie par exemple. Ces évènements continuent d'augmenter le nombre de victimes.

J'apprécie votre habile maniement des mots. Ils ne sont jamais gratuits et toujours porteurs de sens. Vous utilisez l'antiphrase pour souligner l'ironie de la situation.  En effet, la Guerre représente pour les hommes une source infinie d'idées et de créations destructrices. C'est dans le crime et la destruction que l'imagination humaine se déploie. Vos vers dénoncent la guerre sans heurter de front la sensibilité du lecteur, toujours avec subtilité. La guerre est un thème complexe mais vous savez le rendre simple, imagé et poétique. Votre regard et votre histoire personnelle confère à vos poèmes une délicatesse et une justesse des mots particulières.

Je vous remercie pour ce moment enrichissant, qui me rapproche de cet art vaste et complexe qu'est la poésie.

Flore T. (*cette lettre fait suite à la venue  au lycée  de la poétesse Maram Al-Masri et le titre de l'article reprend le titre d'un poème de Maram Al-Masri; "Lettre d'une mère arabe à son fils)

 

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