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Les Cris, la suite

Les Cris, la suite

Le blog du journal du lycée Jean Vilar VLA


Et si le web perdait la mémoire ?

Publié par Les Cris, la suite sur 16 Avril 2015, 11:53am

Catégories : #Le monde de demain

Histoire classique : vous avez passé des heures à tout bien organiser. Voyage par voyage, un joli dossier avec vos photos de vacances. Un petit mausolée personnel à portée de main, sur votre smartphone pour ne jamais rien oublier. C'était une semaine avant qu'on vous vole votre sacré portable. Évidemment, vous n'avez aucune sauvegarde ailleurs. Bon ! Ce n'est pas si grave, ce n'est que la 3ème ou 4ème fois que vous repartez à zéro dans vos souvenirs numériques, entre le plantage de votre disque dur et le crash de votre ordinateur. Certes, il vous reste quelques photos sur quelques réseaux sociaux mais tout est éparpillé, presque perdu, comme de vieux albums abandonnés dans un grenier.

Et puis qu'en sera-t-il dans dix ou vingt ans ? Ces réseaux sociaux seront-ils encore en ligne ? Auront-ils conservé toutes nos photos ? Aurons-nous encore le mot de passe pour les consulter ? En passant au numérique, nos souvenirs se sont démultipliés mais sont plus fragiles qu'auparavant, tant au sens physique qu'informatique du terme. Toute photographie, toute discussion, même la plus informelle, reste en ligne pour des années et des années. Sur le Web, rien ne se perd, rien ne disparaît et tout se stocke. Avant que tout...disparaisse. Passé un point mal défini, le Web rouille et s’enfonce, constituant un terreau fertile pour la mauvaise herbe de notre confiance en la toile qui pousse sur nos souvenirs. Myspace, grand réseau social numérique (RSN), est aujourd'hui laissé à l'abandon comme une friche industrielle. Nos photos sont encore là mais personne ne sait où les trouver, comme recouvertes par la peinture de trois ou quatre nouvelles versions qui ont accompagné le déclin du RSN en question. Nous ne pouvons que saluer ce droit à l'oubli qui a rayé de la carte les différentes photos qui pourraient compromettre notre crédibilité actuelle. Mais, nous pourrions aussi revendiquer un droit de mémoire.

C'est un sujet tabou chez les géants du high-tech : nos souvenirs, tout comme la plupart de ce qui est numérique, électronique et informatique dans le monde virtuel actuel, ont une obsolescence programmée. Rien ne garantit leur persistance dans le temps et personne ne semble s'en soucier. Google, Facebook ou Instagram ne sont pas des organismes publics comme la BNF (Bibliothèque nationale de France) qui a pour mission de tout archiver pour préserver notre patrimoine culturel. Ce sont des entreprises privées pour lesquelles stocker toutes ces données représente un énorme investissement. Si Facebook ferme ou réoriente son activité personne ne pourra réclamer ses photos au guichet mais uniquement aller pleurer sur l'autel de la déception.

Signe le plus tangible de l’éphémère numérique, les grands studios de cinéma sont revenus au tout-digital par crainte de la fragilité du tout-numérique. Les tirages numériques compromettent la conservation des supports : les erreurs humaines sont fréquentes et les formats changent sans cesse, ne garantissant pas de pouvoir encore lire la bande dans cinquante ans ou plus. Les maisons de production commencent ainsi à réaliser des copies en format 35mm (environ 30 000 euros la bonne vieille pellicule photographique) de leurs films pourtant tournés en numérique. Faudra-t-il un jour imprimer l'Internet ? Ou bien devra-t-on s'adresser à des entreprises de gardiennage de nos souvenirs capables de nous restituer cinquante ans après nos données virtuelles ? Quel meilleur cadeau pour nos 80 ans qu'une impression matérielle de notre fil Instagram 2014 ?

Xavier M. (Article publié dans Les Cris n°10)

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